Ces derniers temps, plusieurs affaires ont eu lieu dans l’industrie du logiciel par rapport à des problèmes d’éthique. Rien n’est tout noir ou tout blanc dans ces histoires, ce qui amène à se poser des questions. C’est ce que je vais essayer de faire dans cet article en exposant mon avis, sans aucune certitude qu’il soit une vérité universelle.
Cet article est plutôt long, j’ai préféré le séparer en 2 parties pour plus de confort de lecture. N’hésitez pas à prendre le temps de le lire en plusieurs fois si besoin.
La première affaire dont je voulais parler, c’est l’affaire Stallman. Pour résumer les faits, Richard Stallman, créateur du projet GNU et de la Free Software Foundation, a commenté début septembre l’implication d’un ami dans l’affaire Epstein en remettant en cause la parole de la victime et notamment l’emploi du terme “agression sexuelle” par rapport au contexte. S’en est suivi un tollé et une division entre les supports de Stallman et celles et ceux qui veulent le voir quitter ses fonctions.
Il va finalement démissionner du MIT le 16 septembre, via un message qui ne laissa aucun doute sur son absence de remise en question : “ I am doing this due to pressure on MIT and me over a series of misunderstandings and mischaracterizations ”.
À la suite de cette histoire (et probablement portés par l’élan de liberté de parole qu’a permis le mouvement #MeToo) d’autres témoignages ont fait surface, à l’image de celui de Jillian C. York. Ces témoignages montrent que l’on n’a pas uniquement à faire à un commentaire maladroit, mais bien à une personnalité au comportement explicitement misogyne.
Du côté de ses supports, on trouve également une grande variété de témoignages comme l’article très bien écrit de Jack Baruth. Ce qui me gène avec cet article et ces témoignages c’est qu’ils s’appuient sur 2 points : la neuro-atypie de Stallman, et son impact sur le monde du logiciel.
Je ne suis clairement pas assez calé sur le premier point, et si des personnes plus au fait des sujets d’Asperger ou d’autres neuro-atypies veulent partager leurs connaissances sur le sujet, je suis preneur. Petit détail quand même, je n’ai pas réussi à trouver une trace de quelque diagnostique avéré de Stallman, juste des observations.
Par contre quand j’ai lu le second point, j’ai eu envie de jeter mon téléphone contre un mur … D’une part, absolument rien ne prouve que l’informatique n’en serait pas où elle en est sans lui. Ça vaut d’ailleurs pour tous les “génies”, ils ou elles font rarement les choses de façon totalement isolée et le monde avance sans leur contribution. Peut être pas à la même vitesse, peut être dans une direction différente, meilleure ou pire, mais il tourne sans eux (les fans de comics seront familier avec la théorie des multivers sous-jacente à ma réflexion).
Dans tous les cas, quelle que soit sa contribution elle n’excuse pas son comportement. Le fait de sauver le monde n’offre pas un laisser-passer pour être un odieux connard. Aller comparer les palmarès pour savoir qui a le droit de traiter les autres comme des sous-humains est simplement délirant.
Je ne peux d’ailleurs pas m’empêcher de penser que son palmarès est moteur de son comportement. J’irais même jusqu’à dire que c’est un cercle vicieux plus général. Est-ce que l’impact technique de personnes comme Richard Stallman ou Linus Torvalds n’a pas poussé la communauté à faire fi de leurs comportements parfois odieux, voire à louer ce comportement. Se sentant à l’aise dans cette communauté, ils ont continué, considérant ces actions sociales comme acceptables.
A noter que tous les soutiens que j’ai pu trouver pour RMS et Torvalds sont émis par des hommes blancs. Je ne pense pas que ce soit farfelu de penser que ce cercle vicieux dont je parle ai exclu des communautés influentes un bon nombre de talents qui n’entraient pas dans les normes de ces “génies”, faisant de l’open source un milieu finalement plutôt fermés.
Je vous invite à y réfléchir en attendant que je termine la seconde partie, où l’on verra avec un autre cas les problèmes qui peuvent se poser lorsque l’on essaye d’aligner ses valeurs personnelles et le business.