Aujourd’hui, on va parler d’énergie. Et de l’énergie, il va m’en falloir pour reprendre l’écriture après 4 mois de silence 🙃
On le sait tous, nous consommons de l’énergie tout au long de la journée. Pas uniquement musculairement, mais également lorsque l’on utilise notre cerveau. Enfin pas tout à fait. Les études ont montré que l’on peut modéliser notre cerveau en 2 système : le système 1, plus instinctif qui ne consomme pas d’énergie, et un système 2, plus réfléchit, qui lui, nécessite sa dose de sucre pour cogiter. Tout cela est particulièrement bien expliqués dans le best seller “Thinking fast and slow” de Daniel Kahneman que je vous recommande chaudement.
Les scientifiques ont d’ailleurs identifié ces dernières années un phénomène qu’ils appèlent ego-depletion1, ou épuisement du moi dans la langue de Molière. Ce phénomène se caractérise par une quantité limité de ressources mentales disponibles pour tout ce qui nécessite de la volonté et du contrôle de soi.
Pour la suite de l’article, j’utiliserai le terme de jauge d’énergie pour parler de cet ego-déplétion, car je trouve la métaphore cool et en phase avec les années que j’ai pu passer devant une console de jeux vidéo. Ces jauges d’énergies donc, c’est ce qui explique que l’on est particulièrement fatigué lorsque l’on a passé une journée à se triturer les méninges et faire des choix.
Nous avons toutes et tous notre jauge d’énergie, qui se rempli principalement avec une bonne nuit de sommeil et qui se vide différemment en fonction de notre personnalité. Savoir comment se vide notre énergie a beaucoup d’importance. Les études on montré par exemple que les personnes introverties consomment mois d’énergie quand ils ou elles sont en compagnie de visages familiers en comités réduits. L’extraversion en revanche va amener à s’épuiser plus vite en l’absence d’interaction sociales variées.
Dans le monde du travail, les jauges d’énergies jouent ont une place primordiale et c’est un phénomène auquel il faut être attentif quand on est en position de management.
En effet, suivant le poste d’une personne, son niveau de séniorité, et malheureusement parfois son genre, la quantité d’énergie qu’elle devra mettre en oeuvre pour prendre des initiatives, être entendue et faire bouger les choses sera bien différente. C’est assez naturel. On a tendance à accorder plus d’écoute à quelqu’un qui présente des facteurs de légitimité comme l’expertise ou la place dans l’organigramme. Il est donc de la responsabilité du management d’être attentif aux initiatives pertinentes pour y insuffler un peu de sa propre énergie et faire levier, permettant ainsi à la personne qui en est à l’origine de ne pas s’épuiser.
Pour autant, il faut être conscient de l’état de sa propre jauge. Elle est limitée pour les autres comme pour nous. Greg McKeown explore dans son livre Essentialism l’intérêt de se focaliser sur l’essentiel, justement pour ne pas disperser son énergie. Au sein d’une entreprise ou d’une équipe, tout le monde y gagne en terme d’énergie quand elle est dépensée vers des objectifs clairs, compris et communs (c’est un peu la philosophie des OKRs popularisés ces dernières années par Andy Grove).
L’alignement des objectifs n’est pas le seul moyen de limiter cette consommation d’énergie. J’en parlais au début de cet article, notre cerveau peut être modélisés par 2 systèmes dont le plus instinctif ne vide pas notre jauge. Ce système instinctif s’entraine par la pratique, l’habitude. De la même façon qu’identifier et implémenter des designs patterns devient naturel avec l’expérience du développement, certains aspects du managements comme la résolutions de conflits, ou encore l’analyse macro des situations peuvent être énormément énergivore lorsque l’on débute mais la pratique et l’expérience permet de limiter leur impact.
Et vous ? Vous faites souvent attention à votre jauge d’énergie et la façon dont elle se vide au fil de la journée ?
PS : En cette période de vide sanitaire ou incertitude et anxiété prennent une part parfois importante de notre quotidien, il est normal que la jauge d’énergie se vide vite. Soyez y attentifs pour votre équipe, mais également pour la votre.
Les études sont assez récentes sur le sujet et le phénomène d’ego-depletion n’a aujourd’hui que le statut de théorie car les preuves ne sont pas encore exhaustives. Je pars du principe que l’état actuel du consensus scientifique est une base suffisante pour ce modeste blog. ↩︎