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Petit cachotier (partie 1)

22 Feb 2021 | 4 minutes de lecture

Aujourd’hui, j’avais envie de vous parler d’une anecdote qui m’est arrivée lors de mes premières années dans la vie active et dont je peux aujourd’hui tirer 2 enseignements. Ils feront chacun l’objet d’un article, mais commençons par vous raconter l’anecdote en question.

Pour bien comprendre l’histoire il faut savoir qu’en 2008 j’avais pour projet de me lancer dans une aventure entrepreneuriale pour créer un réseau social autour des sorties entre amis. J’ai finalement abandonné l’idée mais j’avais à l’époque investi pas mal de temps (et un peu d’argent) dans ce projet. C’était la grande époque des blogs et j’en documentais l’avancement pour créer une sorte d’émulation avec d’autres entrepreneurs de l’époque. C’est d’ailleurs à cette occasion que j’ai créé le domaine skwi.fr (qui a subit quelques reboots depuis 🙄).

Je faisais ça en parallèle de mon boulot de salarié et un beau jour, alors que j’étais tranquillement en train de bosser, je suis convoqué dans une salle de réunion par mon N+1. Je m’installe et il me dit :

« Alors petit cachotier … tu ne m’as pas tout dit … »

Puis il laisse planer un silence qui m’a paru une éternité, avant d’enchaîner sur un ton très fier :

«  J’ai trouvé ton blog ! ».

S’en est suivi une conversation sur mon projet dont on reparlera plus tard, car aujourd’hui, c’est sur ces quelques minutes que je veux m’attarder, mettre l’accent sur la forme de cet échange.

Mon N+1 quand il a trouvé un secret qui n'en n'est pas un.

S’il y a un message que je déteste voir dans Slack (ou équivalent), c’est le « Tu peux venir 5 minutes ? » envoyé par un ou une supérieur·e hiérarchique. Et à mon avis, la grande majorité d’entre nous y a déjà eu droit.

Ce message crée très souvent du stress, et pour cause. On sait absolument tout du travail que l’on réalise : ce que l’on a fait de bien, mais aussi ce que l’on a fait un peu moins bien (pour de bonnes ou de mauvaises raisons, là n’est pas le sujet), alors quand des N+x nous convoquent sans précision, on a vite fait de penser au pire.

C’est exactement ce qu’il s’est passé dans mon histoire. Loin de penser à mon blog ou mon projet perso, je me suis repassé tout ce que j’avais fait récemment dans mon travail pour essayer de trouver quelque choses que j’aurais mal fait, ou en tout cas en dessous des attentes …

Convoquer quelqu’un sans contexte, même s’il n’y a rien de grave, c’est créer du stress inutile. On le sait aujourd’hui avec les études sur le stress et notamment les études sur le cortisol (l’hormone auquel il est associé), notre corps est bien plus rapide pour générer du stress que pour en évacuer les effets. C’est un mécanisme de survie qui n’est pas du tout adapté au monde de l’entreprise. Générer du stress innutilement est donc a éviter au maximum.

Dans mon exemple, la création de stress est volontaire et assez symptomatique d’un comportement toxique (Sérieusement ne faites jamais ça, même pour une bonne nouvelle). Mais beaucoup de manageurs et manageuses bien intentionné·e·s ne font pas forcément attention au fait qu’un simple “Hello“ sans suite, ou un “Je peux te voir vite fait ?“, génèrent du stress simplement par le rapport hiérarchique.

Pourtant, c’est quelque chose qui peut être très facilement évité. J’aime prendre l’exemple de la directrice de l’école de mes enfants pour illustrer ce point. À chaque fois qu’elle téléphone à un parent, elle commence son appel de la même façon :

“Bonjour. Mme XXX de l’école YYY. Rien de grave je vous rassure, je vous appelle car …“.

C’est très basique, mais 3 mots comme “Rien de grave” permettent de couper court au stress.

Dans le monde professionnel c’est pareil. Aujourd’hui, et d’autant plus dans ce contexte de pandémie où l’on travaille de façon plus isolée physiquement, je m’efforce de ne jamais commencer une conversation sans en annoncer tout de suite l’objectif. Que la nouvelle soit bonne ou mauvaise, je pense que tout le monde préfère voir “Hello ! Je viens te voir au sujet de […] parce que […]“ plutôt que “Hello“ suivi d’un interminable “skwi is typing …

À partir du moment où il y a un rapport hiérarchique, il est nécessaire de faire attention à ça. Surtout qu’au final c’est très peu d’effort pour beaucoup de bénéfices.

D’ailleurs, ça marche dans les 2 sens. En tant que manager, il m’arrive bien évidemment de faire des erreurs, dont certaines que je suis le seul à voir, et la dernière fois qu’un dev m’a dit “On pourra se faire un point demain quand t’arrives à l’agence ?”, je vous avoue que je n’ai pas passé la plus sereine des soirées.

Tout ça pour dire que le stress en entreprise est un vrai sujet, et qu’il suffit parfois de peu pour l’éviter ou en tout cas le réduire, alors soyez attentifs à ces petites façons de communiquer.

Dans le prochain article, on ira un peu plus loin dans l’anecdote pour creuser le fond du sujet.